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Ce qui suit est un résumé des différentes initiatives qui visent à soutenir les migrants et les réfugiés en Tunisie, pendant la période de la crise COVID-19. Ces initiatives prennent plusieurs formes comme les communiqués de presses, les pétitions, les financements participantifs et les distributions d’aide. Ces informations sont basées entièrement et uniquement sur les publications des associations, organisations et entités qui mènent ces campagnes.
1. Communiqués de presse
23 Avril, 2020: Communiqué des associations, mouvements sociaux et syndicats engagés dans la dynamique du Forum social Maghreb.
Les associations, mouvements sociaux et syndicats, engagés dans la Dynamique du Forum Social Maghreb pour un Maghreb des peuples démocratique et inclusif, expriment leur inquiétude sur les fragilités, les carences de la protection sociale, du droit d’accès aux services de santé, de l’obligation des Etats à protéger la vie des citoyens.
D’après un communiqué publié jeudi 23 Avril 2020, la Dynamique du Forum Social Maghreb, dont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) fait partie, appelle les Etats à mettre en place les différents mécanismes de protection de personnes en danger prévues dans le cadre du droit international humanitaire et à fermer d’urgence les différents centres de rétention (formels ou informels) des migrants sans papiers au Nord comme au Sud de la Méditerranée.
Elle appelle, en outre, à lancer, conjointement et de manière concertée, au niveau des Etats du Maghreb une initiative maghrébine, déclinée au niveau national afin d’instaurer un climat de confiance, rassurer ces populations migrantes, réfugiées et demandeurs d’asile et formaliser leur prise en charge, afin que leur droit à la santé, au même titre que les nationaux, soit garanti.
Il s’agit aussi de prendre des mesures courageuses pour une opération exceptionnelle de régularisation de migrants présents sur le territoire maghrébin et de veiller particulièrement au sort des mineurs et des femmes migrantes isolées proie des trafiquants d’êtres humains.
Il convient, par ailleurs, d’instaurer l’égalité d’accès avec les nationaux aux soins et aux différentes dispositions du droit du travail, de loger, dans des conditions décentes, tous les migrants sans abri, de faire bénéficier les migrants des mesures de soutien financier au même titre que les nationaux et de mettre en place une plateforme d’information et d’accompagnement spécifique aux migrants.
D’après le communiqué, il faut aussi faire bénéficier les migrants incarcérés des mesures de libération prises par certains Etats du Maghreb.
La Dynamique du Forum Social Maghreb estime qu’il est du devoir et l’obligation des Etats de garantir et respecter le droit des migrant-e-s, des demandeurs d’asile, des réfugiés, à la santé et à la protection sociale, ajoute le communiqué.
09 Avril, 2020: Déclaration sur les mesures annoncées par les autorités tunisiennes en faveur des étrangers en Tunisie
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Tunisie, l’Institut arabe des droits de l’homme et le Conseil tunisien des réfugiés ont fait la déclaration suivante:
Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt l’ensemble de mesures annoncé par les autorités tunisiennes le 7 Avril 2020 pour les étrangers en Tunisie dans le cadre des efforts nationaux de lutte contre l’épidémie de Corona et de prendre note de toutes ses répercussions Suite à une réunion qui a réuni les ministres de l’intérieur, des affaires sociales et des droits de l’homme et les relations avec les organes constitutionnels et la société civile.
Nous saluons l’initiative du gouvernement tunisien, considéré comme un précédent dans la région arabe, et l’attention particulière qu’il a accordée aux étrangers dans cette situation exceptionnelle et difficile, en particulier les groupes dont la situation est caractérisée par la fragilité en raison de sa spécificité, dont les plus importants sont les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants irréguliers. Nous apprécions également l’adoption de telles décisions dans une période où la Tunisie connaît de grands défis sanitaires, financiers et économiques, et ces décisions sont en parfaite harmonie avec le sens humain de la solidarité avec laquelle la Tunisie est connue et sa volonté de prévaloir dans les nobles valeurs humaines, en particulier en temps de crise.
Nous ne pouvons manquer de saluer les efforts des autorités tunisiennes et leur souci d’activer le principe de non-discrimination entre les citoyens tunisiens et les étrangers présents dans les pays tunisiens, en particulier en ce qui concerne l’utilisation des services de santé publique lorsque cela est nécessaire et leur fournir une assistance et a exhorté la communauté d’accueil à prendre en compte la spécificité de la situation actuelle en reportant la libération de certaines cotisations des clients La Tunisie en tant que professeur de location à domicile.
Les organisations qui ont publié cette déclaration souhaitent souligner l’urgence de coordonner les efforts de toutes les parties prenantes, en particulier les associations locales et internationales et les ONG, qui ont gracieusement fourni une assistance aux réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux migrants.
Nous soulignons l’importance de développer un cadre unifié et cohérent afin de nous protéger contre les risques de dispersion des efforts et afin de garantir que l’aide est destinée à ceux qui la méritent de la manière et de la faisabilité requises.
À cette occasion, nous renouvelons notre engagement à soutenir les efforts nationaux et à fournir les soins et informations nécessaires aux réfugiés et aux demandeurs d’asile et nous exhortons les autorités tunisiennes à activer les mesures qu’elles ont annoncées et que nous soutiendrons et nous efforcerons de renforcer à travers les différentes activités que nous organisons dans les domaines de notre intervention.
10 Avril, 2020: Les mesures du gouvernement sont encourageantes mais il faut des décisions plus fortes pour protéger les migrants (es) et les réfugiés (ées) contre le COVID-19
Dans le cadre des efforts de prévention et de riposte efficace à cette pandémie, le gouvernement tunisien a pris des mesures courageuses pour lutter contre ce fléau en décidant le confinement dans tout le pays et en mettant en place des aides sociales d’urgence à destination des plus démunis qui subissent de manière violente les conséquences de la crise sanitaire, sociale et économique.
Les ministres de l’Intérieur, des Affaires Sociales et des droits de l’Homme et des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, ont lors d’une réunion le 7 Avril pris des mesures positives en faveur des étrangers résidents en Tunisie. Les dates de fin de visas et les implications financières sont suspendues, il a été décidé que des aides financières et en nature seront spécifiquement octroyées et les bailleurs ont formellement été demandés de reporter les loyers des mois de mars et Avril 2020. Ce sont des mesures positives que nous encourageons et qui doivent être suivies par d’autres mesures pour répondre d’une manière durable aux enjeux qui se posent.
Nous, organisations de la société civile tunisienne, continuons à exprimer notre profonde préoccupation face à l’extrême précarisation des plus vulnérables et en particulier ceux dont le statut les prive du droit à la santé: les migrants (es), les réfugiés(ées) et les demandeurs d’asiles présents sur le territoire tunisien.
La directrice générale d’UNICEF a déclaré le 1er Avril 2020: « La pandémie de COVID-19 pourrait dévaster les populations de réfugiés, de migrants et de personnes déplacées à l’intérieur du pays sans une action internationale urgente ».
Nous insistons sur la double vulnérabilité de ces populations, souvent en situation d’exclusion sociale, vivant dans des conditions de promiscuité et privées aujourd’hui de toute source de revenu, pour faire face à l’épidémie et aux conséquences du confinement. Leur situation administrative amplifie fortement les risques et confronte les individus et leur famille à des obstacles insurmontables sans une intervention courageuse du gouvernement.
A ce jour, malgré des initiatives de différents acteurs de la société civile, il n’existe en Tunisie aucun plan national pour informer spécifiquement ces communautés et les orienter vers les permanences d’accès aux soins de santé et autres services de prévention, indispensables pour endiguer la pandémie sur l’ensemble du territoire tunisien.
Nous demandons donc au gouvernement de porter une initiative nationale afin d’instaurer un climat de confiance, rassurer ces populations et formaliser leur prise en charge, afin que leur droit à la santé, au même titre que les tunisiennes et tunisiens, soit garanti. Conformément aux appels internationaux des militants des droits humains, nous demandons au gouvernement d’étudier les alternatives à la détention des réfugiés et des migrants vulnérables à la maladie bloqués dans les centres d’El Ouardia et de Ben Gardanne, et ce, eu égard à un risque élevé d’être gravement malade ou de mourir en cas de contamination.
Nous alertons sur la lourde responsabilité que constitue l’exclusion des migrants.es, des réfugiés.es et des demandeurs d’asiles présents sur le territoire tunisien du système de santé national et des aides économiques exceptionnelles mises en place, et sur toutes éventuelles pratiques discriminatoires qui seraient une atteinte à leurs droits fondamentaux et en contradiction avec les efforts déployés pour réduire les contagions et éradiquer la pandémie dans notre pays.
Nous demandons au gouvernement d’assumer cette responsabilité historique et de réunir les conditions pour une opération exceptionnelle de régularisation de migrants présents sur le territoire tunisien. Cette responsabilité répond aux différents appels des organisations tunisiennes de droits humains et aux préoccupations exprimées depuis plusieurs années et à plusieurs reprises par les partenaires sociaux face à la précarité et à l’exploitation des travailleurs irréguliers en Tunisie.
Les personnes réfugiées et migrantes vivent et travaillent à nos côtés et au sein de nos familles, elles ne peuvent être abandonnées. Elles sont venues en très grande majorité de l’Afrique, continent que nous partageons et avec lequel la Tunisie a fait le choix d’accroitre le développement et la coopération mutuellement bénéfique. La solidarité nationale envers les plus vulnérables ne peut faire abstraction des circonstances extrêmes auxquelles sont confrontées les populations migrantes présentes sur notre territoire.
Nous, organisations de la société civile, faisons cet appel pour le droit à la santé pour TOUS.
2. Initiatives
Création Cellule Solidarité Africaine COVID-19 Tunisie
La Cellule dénommée SOLIDARITÉ AFRICAINE est une initiative de la société civile migrante subsaharienne en Tunisie, composée précisément des organisations des migrants subsahariens basées en Tunisie ainsi que des bénévoles subsahariens tous vivants en Tunisie également. Elle a pour but notamment:
– de sensibiliser et prévenir les migrants subsahariens en Tunisie, des risques et modes de contamination au COVID-19;
– de venir en aide tout en portant assistance aux migrants subsahariens en situation de vulnérabilité en cette période de crise sanitaire via des appels à dons ; bons alimentaires et aides médicales qui leur seront ensuite redistribués;
– de venir en appui aux organisations de la société civile tunisienne, les ONGs, les Organisations Internationales et les Institutions Publiques et Privées notamment les Ministères, les Entreprises, etc, souhaitant apporter leurs aides et assistance à toute la communauté migrante d’Afrique subsaharienne en Tunisie, en cette période de crise sanitaire dûe au COVID-19.
Cette Cellule est composée, représentativement, des associations suivantes:
AESAT (Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie) ALDA (Association pour le leadership et le développement en Afrique) ASSIVAT (Association des ivoiriens actifs de Tunisie) AIT (Association des Ivoiriens de Tunisie) AST (Association des sénégalais en Tunisie) CSBE (Conseil Supérieur des Burkinabés de l’Etranger) La Communauté Camerounaise de Tunisie, Le Haut Conseil des Maliens en Tunisie, CRRDCT (La Communauté des Ressortissants de la RD Congo en Tunisie), RLF Media, Afroplanete, Afrikyes.
Sfax – Solidarité avec les migrants pendant la période COVID-19
La Municipalité de Sfax en partenariat avec Terre d’Asile Tunisie appelle à la solidarité avec la communauté migrante vivant sur la commune de Sfax. Cette initiative fait suite aux mesures de confinement adoptées par l’état tunisien pour lutter contre la propagation du COVID-19, entraînant la perte de sources de revenus pour les migrants et une situation très précaire. La Mairie de Sfax et Terre d’asile Tunisie et inviter toutes les composantes de la société civile, les habitants, les investisseurs de Sfax et toute personne sensible à la situation des migrants vulnérables à rejoindre le mouvement de solidarité qui se met en place et à soutenir cette initiative. Pour la première fois de son histoire, la ville de Sfax mène une action de solidarité de cette ampleur en faveur des migrants malgré la situation économique et sociale très difficile de la ville et du pays.
Mise en place d’un numéro vert pour venir en aide aux migrants établis en Tunisie
Un nouveau numéro vert consacré aux suivi des conditions des étrangers établis en Tunisie (étudiant , réfugiés, demandeurs d’asile, migrants réguliers et irréguliers) vient d’être été mis en place par un comité créé par le ministère des droits de l’Homme, de la relation avec les instances constitutionnelles et de la société civile.
Regroupant des représentants du ministère des affaires sociales, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’association des représentants du peuple, de l’organisation internationale de la migration, de l’union tunisienne de l’Industrie, du commerce et de l’Artisanat, de l’observatoire national de la migration, de certaines municipalités et de plusieurs composantes de la société civile, ce numéro est destiné à venir en aide à cette catégorie en cette, conjoncture sanitaire exceptionnelle, lit-on dans un communiqué publié sur la page facebook du ministère.
Outre la réception des requêtes et des plaintes des étrangers résidents en Tunisie, la ligne est ouverte aux personnes désireuses de faire des dons.
Liste des initiatives solidaires à destination des migrants en Tunisie
Terre d’Asile Tunisie met à disposition des migrants cette liste des initiatives solidaires qui ont émergées depuis le début des mesures de lutte contre la pandémie. En effet, ces mesures provisoires de lutte contre le COVID-19 ont amené les organisations de la société civile à se mobiliser en identifiant, selon leur domaine d’expertise, les besoins auxquels elles sont capables, dans la mesure du possible, de répondre. Cette liste developée par Terre d’Asile Tunisie est non-exhaustive. Si vous avez mis en place une initiative solidaire à destination des personnes migrantes et souhaitez la faire figurer dans cette liste merci de nous en faire part par mail à contact@maison-migrations.tn.
RTCI organise le vendredi 1er Mai la journée de solidarité africaine pour les migrants
En partenariat avec la Cellule de solidarité africaine COVID-19 Tunisie, RTCI (Radio Tunis Chaîne Internationale) organise ce vendredi 1er Mai 2020 la Journée de solidarité africaine pour les migrants.
Cette journée entend appuyer les efforts du gouvernement et de la société civile pour garantir la dignité aux membres de la communauté subsaharienne et plus généralement des personnes migrantes en cette période de crise.
Plateforme pour venir en aide aux étrangers
Le ministère des Droits de l’homme, de la Relation avec les instances constitutionnelles et de la société civile a annoncé, lundi 27 Avril 2020, le lancement d’une application sur le site’ Aide-Covid-19’ pour venir en aide aux étrangers bloqués en Tunisie, et qui sont confrontés à des difficultés financières causées par la pandémie du coronavirus et des mesures prises par les autorités pour y faire face.
Le ministère précise que cette application a été mise en place dans le cadre de la lutte contre les répercussions négatives sur les étrangers en situation vulnérable en Tunisie, tels que les étudiants, les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants, « quel que soit leur statut juridique », précise le communiqué.
Appels à la protection des droits des migrants
Appel à protéger le droit du logement et à la santé en temps de coronavirus
Des organisations de la société civile ont publié, le 22 Avril 2020, un communiqué où elles lancent un appel aux autorités tunisiennes à protéger le droit au logement et à la santé de toutes et tous pour faire face à la pandémie du coronavirus. Nous reproduisons cet appel ci-dessous:
Depuis le 22 mars 2020, la Tunisie a proclamé le confinement général de sa population afin de lutter contre l’épidémie du coronavirus en Tunisie. 726 cas ont été confirmés coronavirus et pourtant des propriétaires continuent d’expulser les locataires. L’Alliance internationale des habitants (AIH), dont la coordination AIH Tunisie, Médecins du Monde Belgique-Mission Tunisie et les organisations cosignataires de ce communiqué appellent le gouvernement et les autorités locales à protéger le droit au logement et à la santé de toutes et tous pour faire face à la pandémie du coronavirus. Nous sommes profondément préoccupés par les conséquences économiques et sociales de l’urgence coronavirus en Tunisie, qui s’ajoutent et aggravent la situation des familles et des personnes, sans abri ou menacées d’expulsion car, sans revenu, avec impossibilité de payer leurs loyers ou leurs hypothèques.
Appel aux renforcements de la protection des migrants et des réfugiés en Tunisie contre le COVID-19
Des organisations de la société civile, des députés et des personnalités publiques ont appelé, dans un communiqué conjoint publié vendredi 10 Avril 2020, au renforcement de la protection des migrants et des réfugiés en Tunisie contre le COVID-19 afin de garantir le droit à la santé pour tous.
Les signataires appellent le gouvernement à porter une initiative nationale afin d’instaurer un climat de confiance, rassurer ces populations et formaliser leur prise en charge, afin que leur droit à la santé, au même titre que les Tunisiennes et Tunisiens, soit garanti.
Ils demandent au gouvernement d’étudier les alternatives à la détention des réfugiés et des migrants vulnérables à la maladie bloqués dans les centres d’El Ouardia et de Ben Gardanne, et ce eu égard à un risque élevé d’être gravement malade ou de mourir en cas de contamination.
Ils estiment que l’exclusion des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile présents sur le territoire tunisien du système de santé national et des aides économiques exceptionnelles mises en place serait une atteinte à leurs droits fondamentaux et en contradiction avec les efforts déployés pour réduire les contagions et éradiquer la pandémie dans le pays.