La colère gronde à Nairobi parmi la population du bidonville de Mathare, où la police est impliquée dans la mort d’au moins 15 personnes depuis le début du couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19. Le journaliste kényan Elijah Kanyi a enquêté pour BBC Africa Eye
“C’est la police, pas le coronavirus, qui nous tue”, scandent les manifestants au début de l’enquête publiée le lundi 15 juin par BBC Africa Eye, cellule d’investigation de la chaîne britannique sur le continent africain. Le 8 juin, quelque 200 personnes ont par exemple manifesté à Mathare, immense bidonville situé à Nairobi, pour dénoncer des violences policières accrues depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Le reporter Elijah Kanyi est originaire de ce quartier, le plus dense de la capitale kényane, qui abrite environ 500 000 personnes : il couvre son actualité depuis plus de dix ans, et a même fait campagne pour devenir député de cette circonscription.
Pour BBC Africa Eye, il a enquêté sur la pandémie de Covid-19, menace majeure pour Mathare, mais aussi sur les violences policières qui s’y sont multipliées ces dernières semaines. Depuis l’instauration d’un couvre-feu à Nairobi, le 27 mars 2020, au moins 15 personnes sont mortes après avoir été violentées par les forces de l’ordre, et des dizaines de plaintes ont été déposées auprès de l’Autorité indépendante de contrôle de la police (Ipoa).
Dans ce quartier de la capitale, la brutalité policière n’est pas nouvelle : plus de 3 000 plaintes pour abus ont été déposées en 2019, comme l’explique le journaliste. Mais depuis que les policiers sont chargés de faire respecter le couvre-feu à Mathare, ils n’hésitent pas à distribuer des coups de fouet aux habitants qu’ils croisent dans les rues, comme on peut le voir sur les images d’Elijah Kanyi. Mais aussi à tirer à balles réelles.